Gardiens de la paix
Comme je descendais les fleuves impassibles, je ne me sentis plus guidée par les haleurs. En revanche, j'eus rapidement la claire impression d'être suivie par des héleurs. Dans la petite rue au long de laquelle je piétonnais vers d'autres contrées, une voiture avait notablement ralenti son allure et me suivait au pas, à peu de distances. Le bruit du moteur était couvert par une autre ritournelle non moins répétitive et guère plus signifiante : "Ah là là là là là là..." qui fut soudain interrompue par un compliment surprenant : "qu'il est beau, qu'il est beau !"
La souris étant assez clairement féminine, je vous laisse juger de la finesse de l'apostrophe.
Mais la souris avait beau être véloce à son habitude, et le véhicule ralentir autant que possible sa course, vint le moment, inéluctable, où il arriva à ma hauteur, puis me dépassa. Moment où j'eus tout loisir de lire avec consternation ce qui était peint un peu partout sur la carrosserie :
Ce court épisode m'en a rappelé un autre du même genre. Cela se passait à l'époque où la souris arpentait d'une patte novice les rues de la capitale, et où ses premiers contacts avec les dragueurs à la noix étaient plutôt traumatisants. Ce jour-là, négligeant les avertissements de Brassens, j'avais mis une jupe. Ce n'est qu'en descendant le boulevard Saint-Michel que je me rendis compte que le "Prudence, prends garde à ton jupon" n'était pas un vain mot, et pas seulement sur le pont des arts.
Bref, tandis que je bataillais pour empêcher le vent frippon de retrousser ma jupe, pourtant honorablement longue, je croise un couple (façon de parler, disons un binôme) de policiers, tout beaux tout bleus dans leur uniforme strict. Et l'un des deux me lance, du haut de sa rigueur :
"Enlève-la, ça ira mieux."
ça fait du bien, vraiment, de sentir qu'au milieu de tous ces loups, des hommes sont là pour nous protéger, préserver l'ordre et la morale publique.
La souris étant assez clairement féminine, je vous laisse juger de la finesse de l'apostrophe.
Mais la souris avait beau être véloce à son habitude, et le véhicule ralentir autant que possible sa course, vint le moment, inéluctable, où il arriva à ma hauteur, puis me dépassa. Moment où j'eus tout loisir de lire avec consternation ce qui était peint un peu partout sur la carrosserie :
Sécurité de la Ville de Paris.
Cette courtoisie, cette finesse, cette politesse même, c'étaient nos policiers municipaux. Ceux qui font traverser les passages pour piétons aux gamins, vous savez.Ce court épisode m'en a rappelé un autre du même genre. Cela se passait à l'époque où la souris arpentait d'une patte novice les rues de la capitale, et où ses premiers contacts avec les dragueurs à la noix étaient plutôt traumatisants. Ce jour-là, négligeant les avertissements de Brassens, j'avais mis une jupe. Ce n'est qu'en descendant le boulevard Saint-Michel que je me rendis compte que le "Prudence, prends garde à ton jupon" n'était pas un vain mot, et pas seulement sur le pont des arts.
Bref, tandis que je bataillais pour empêcher le vent frippon de retrousser ma jupe, pourtant honorablement longue, je croise un couple (façon de parler, disons un binôme) de policiers, tout beaux tout bleus dans leur uniforme strict. Et l'un des deux me lance, du haut de sa rigueur :
"Enlève-la, ça ira mieux."
ça fait du bien, vraiment, de sentir qu'au milieu de tous ces loups, des hommes sont là pour nous protéger, préserver l'ordre et la morale publique.