C'est généreux c'est très beau
J'ai bien aimé le bouquin de Foenkinos, La Délicatesse. Il m'a beaucoup fait rire. Surtout ce passage où le héros (le premier, pas celui qui gagne à la fin) spécule intérieurement sur... Comment expliquer ça... Sur la boisson que devrait commander la jeune femme qu'il vient d'accoster dans la rue pour attester qu'elle est la femme parfaite :
« Finalement, il se dit qu'un jus ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d'abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse… – Je vais prendre un jus… Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction dans la réalité. »
On laissera de côté le fait que la seule initiative laissée à la jeune femme dans le processus de séduction réside dans le choix d'un jus de fruit, parce que, je le rappelle, il s'agit d'un livre comique, et donc que l'homme fonde ses choix matrimoniaux sur des critères tels que la haine pour le Perrier-citron n'est pas incongru. Non, c'est surtout le "on sent la fille douce et équilibrée" qui m'a fait rire, voyez-vous, parce que la jeune femme qui commande un jus d'abricot, c'est, par exemple, moi (à peu près systématiquement).
Non, vraiment, il était drôle, ce livre. ça compense un peu les remarques phallocrates sur les talons aiguille.