Tel un poisson rouge à bicyclette

Publié le par La Souris Blonde

Je vais vous faire une confidence...

 

- Oooooooooh ! S'exclame la foule émerveillée. Une confidence de la souris !... Eh, Souris, deux ans d'absence pour une confidence, ça fait pas cher payé de la fidélité, dis !

 

Et dans un murmure, je répondrai : Certes.

 

Et donc, je vais vous faire une confidence, même si vous ne le méritez pas, tas d'impatients (oh, oui, je les ai entendus, vos cris de dépit, vos raffraîchissements de page rageurs, vos harcèlements de souris ! Mais je suis magnanime et je vais vous faire une confidence :) je ne suis pas ce qu'on appelle une grande sportive.

 

Non, si je fais du vélo, c'est essentiellement pour la très grande indépendance que cela permet, en fait. Nulle considération mangezbougesque à cela, nulle volonté d'étaler ma vélocité non plus. Voilà, c'est dit : une souris à vélo, c'est essentiellement une souris qui... va quelque part. Pas un moyen détourné d'attirer les regards. Mais visiblement la nuance échappe à certains, qui considèrent sans doute que se promener à vélo équivaut à sortir vêtue en tout et pour tout d'un noeud de paquet cadeau.

 

Ainsi, il y a peu, la souris rentrait-elle à vélo d'une soirée tardive. Elle était arrêtée à un feu pour vélo et elle hahanait un peu, car elle venait de monter une côte, autrement dit : elle était chaude.

 

C'était dans cet intervalle douteux qui sépare le moment tragique où le feu passe au rouge pour les piétons (et, ici, les vélos) de celui, plus tragique encore, où il passe au vert pour les voitures. Heure trouble où d'aucuns profitent de l'incertitude pour usurper un passage fugace. Mais ceux-là, non. Ceux-là attendaient sagement le feu vert dans leur voiture tout en matant ouvertement la souris, le conducteur béant par sa fenêtre, son passager se déboîtant le cou, et jetant des remarques remarquables :

 

- Il fait chaud, hein !

 

Ah, ça oui, il faisait chaud. A vrai dire, la souris ne pouvait même pas imaginer comment ils supportaient d'être en voiture par une telle chaleur. Alors qu'en vélo, on a la clim naturellement.

 

- Ah là là, j'aimerais bien être sur le vélo !

 

La souris et son vélo échangèrent un regard navré. Non, désolée, bien trop lourd.

 

La tension dramatique était à son comble. Allait-il surenchérir dans les platitudes ? Comment la souris allait-elle se sortir de ce dialogue poisseux ? Heureusement, comme dans une bonne tragédie, un élément extérieur vint aider au dénouement. En l'occurrence, une simple impulsion électrique. Et pour se débarrasser du vélocipédophile, le précipiter hors de sa vue, la souris n'eut qu'une toute petite phrase négligeante à prononcer : c'est vert...

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J
<br /> La souris... le vert... ne cyclopédez point dans l'herbe vous risqueriez de mal finir...<br /> <br /> <br /> Ceci dit, content de vous relire chère souris, même après deux ans d'absence, la patience en vaut la laecture.. Ma prochaine vie je veux être souris, c'est plus drôle que d'être du côté des<br /> noix...<br />
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B
<br /> et le film est également très délicat...<br />
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D
<br /> Yeah, je viens de te trouver un point commun. J'ai presque envie de te dire à quel atelier de vélo autogéré je vais, mais nan, je préfère garder le mystère de l'écrivain(e) souris.<br />
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