Un dragueur raciste ?

Publié le par La Souris Blonde

    La souris se promenait naguère dans un quartier inconnu, pas si loin de chez elle mais qui, dans le puzzle parisien, semblait déjà un autre monde.

    Un autre monde aux coutumes fort exotiques.

    Devant elle marchaient deux hommes, la quarantaine. Elle les voyait échanger des regards, et jeter en arrière des coups d’œil de plus en plus fréquents. Soudain, le plus petit des deux se cassa sur ses jambes et s’écroula en une révérence cérémonieuse, où il semblait à la fois s’incliner devant la souris et offrir le passage à son compagnon de route. Celui-ci, un vieux beau pas tout à fait beau et pas tout à fait encore vieux, un aznavour de quarante ans, prit d’abord la parole d’une manière pas très originale :

    « Vous êtes magnifique ! »

    Silence de la souris, encore un peu secouée par la révérence et qui se sentait dans ses petits souliers.

    « Je dis ça parce que vous êtes belle. »

Ah bon. Voilà qu’il explique par le même, mon vieux beau. Nouveau silence gêné de la souris. La tautologie n’était pourtant qu’une préparation du terrain pour la phrase suivante, qui l’atteignit comme un direct à l’estomac :

    « Vous êtes belle parce que vous êtes blanche. »

    Souffle coupé, la souris. Et pour le coup, plus un mot ne sort. Elle n’en croit pas ses oreilles de souris. Alors comme ça, le vieux beau n’aime que les « blanches » ? C’est quoi, ça, de la drague sur critères raciaux ? De la discrimination à la noix ? Parce que le dragueur à la noix, d’accord, c’est déjà quelqu’un qui vous juge sur votre faciès, comme un videur de boîte de nuit. Le dragueur à la noix est un « physionomiste », lui aussi. Alors en arriver à ça, à complimenter quelqu’un pour la couleur de sa peau…

    C’est alors que l’aznavour des trottoirs sales poursuivit ses fines déductions :

    « Vous êtes porcelaine. Vous avez un teint diaphane. »

    Ah… C’était donc ma mine cadavérique qu’il admirait, le dragueur, et non mon appartenance à une majorité visible. La souris retrouva alors juste assez de souffle pour expirer un bref « merci » et passer très vite son chemin.

    Non mais quand même.

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É
<br /> Mais ça va pas de dire : "merci" à ce genre de chose ?! Je lui aurai enfoncé mes talons aiguilles dans la trachée à ce barge (Non, je ne suis pas énervée, je suis ulcérée) !<br /> <br /> Je suis outrée par ce genre de remarque. Jamais j'aurais cru qu'on puisse déblaterer ce genre de bêtise crasse ; Quoi de pire que ne n'être réduite qu'à sa seule couleur de peau, son sexe, son âge,<br /> la couleur de ses cheveux ou tout autre détail insignifiant de sa personne ! Quelle horreur !<br /> <br /> <br />
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M
T'aurais dû lui répondre : "va donc hé, 'aciste!"
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T
Espérons qu'au milieu de tout ce troc, nous trouverons le temps un jour d'échanger une pelle...
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L
Roule toujours, tu m'intéresses.
N
La vache , je suis toujours scié par la drague de certains de mes congénères , pas que je sois mieux , mais au moins je pense pouvoir dire que je suis a peu pres normal dans ma tete !<br /> Terrifiant .<br /> Le Petit Nicolas (Mais en plus Grand)
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T
Merci chère Souris pour le référencement express de mon Blog balbutiant. Tu ne le vois pas, mais j'en ai les joues qui rosissent...
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L
T'as intérêt à tenir la longueur, maintenant. Enfin, si tu as autant de stock de râteaux que moi de noix, on n'a pas fini de faire du troc...