Régime à la noix

Publié le par La Souris Blonde

    C’est une loi universelle, les hommes ont besoin de manger pour vivre.

    Les femmes, non. Les femmes n’ont pas besoin de manger pour vivre. Elles ne mangent que pour grossir. C’est ce qu’on finirait par croire, en tous cas, à force d’entendre le genre de remarques qui pleuvent lorsqu’une jeune fille cherche à satisfaire une faim légitime.

    Non, cachez-vous, jeune fille, lorsqu’à midi, pressée par le temps, vous avalez un sandwich, lorsque vous vous autorisez un dessert après votre potage de légumes, lorsque vous glissez dans votre panier autre chose que des yaourts à 0% et des carottes râpées sans vinaigrette. Cachez-vous, car il se trouvera toujours un passant pour culpabiliser votre appétit en susurrant un « Attention, ça fait grossir », un « Encore en train de manger ! » comme si l’on se connaissait, un « Elle a un bon coup de fourchette, la jeune fille » comme si vos congénères se nourrissaient d’amour et d’eau fraîche, ou, encore mieux, un « Mmm… Bonjour la cellulite ! ». Même si vos repas n’ont rien de pantagruélique (ou plutôt gargamellique, en l’occurrence). Même si vous mangez équilibré. Et même si vous, jeune fille, êtes tout à fait mince.

    Parce que oui, parfois, manger fait grossir. Mais avant tout, manger fait vivre. Même les jeunes filles en ont besoin. Non, elles ne se nourrissent pas de l’air du temps. Pas même de quatre pépins de pomme et un demi verre d’eau claire. Et encore moins des compliments niaiseux dont les gavent les dragueurs à la noix.

    Je confiais récemment à un ami, E., ma colère devant cette injustice flagrante : les hommes ont le droit de manger tranquillement en public, alors que les femmes… Bref, mieux vaut se cacher, de peur d’avoir l’impression de passer pour une truie, simplement parce qu’on a osé se nourrir.

    Et E., qui n’est pas géopoliticien pour rien, me répondit alors en substance :

    « Tu sais, si un homme dit à une femme de faire attention à sa ligne, c’est peut-être pour la vexer, d’accord. Pour attirer son attention, accrocher sa conversation, alors que s’il lui avait fait un compliment, elle ne se serait même pas arrêtée. En commençant par une remarque désobligeante, il se donne au moins une chance d’engager la conversation, même si ça commence par une engueulade, quitte à rattraper le coup plus tard.

    « Mais surtout, surtout, en disant ça, l’homme montre qu’il pense déjà au sexe. S’il fait une remarque à une jeune femme sur son poids, c’est parce qu’il pense à elle comme à une partenaire sexuelle, et qu’il préfèrerait faire l’amour avec une jolie fille mince. D’ailleurs, un homme ne dit jamais ça à une femme qui a de vrais problèmes de poids ! »

    E. se tut un instant, et considéra son verre, l’air songeur, avant d’ajouter :

    « Non, en fait, s’il dit ça, c’est qu’il la trouve déjà très jolie. »

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
La theorie de ton ami est sans doute un peu vraie, généralement les hommes n'abordent pas une fille qui en présente aucun intérêt à leurs yeux...Mais honnêtement, c'est vrai que l'on peut se permettre une réflexion sur les filles qui bouffent. Parce qu'on sait pertinemment que ça les fait toutes réagir.
Répondre
B
De toute facon, il vaut mieux une belle grosse, qu'une moche mince, au moins la premiere est recuperable, et meme si la chirurgie peut arranger la deuxieme, il faudra aussi arranger la descendance.
Répondre
T
"les hommes ont le droit de manger tranquillement en public, alors que les femmes…"Ta vision du monde est biaisé, sans doute parce que tu es une femme mais aussi parce que tu fais toi aussi probablement un temps soit peu attention à ta physionomie.
Répondre
L
Ce qui prouve (une seconde fois) que je suis une femme.
B
Attention la souris, manger trop souvent devant son blog fait grossir... ce serait dommage pour une femme aussi belle et séduisante que toi.
Répondre
T
Je rejoins tout-à-fait ton ami E. dans sa subtile analyse : deviser sur le poids des filles, c'est déjà tirer des plans sur la comète.
Répondre