Cours de langue
Les parisiens sont des gens serviables. Hospitaliers. Accueillants avec les touristes, même, et toujours prêts à leur rendre service. Prenez par exemple cet homme, la quarantaine bien conservée, qui, au Louvre, avait engagé la conversation avec une jeune japonaise un peu perdue dans notre belle capitale.
Il avait sans doute commencé par lui proposer de lui montrer les plus belles oeuvres du musée. Mais il se rendit vite compte que la demoiselle allait y retrouver tout un tas de compatriotes avec lesquels elle pourrait fraterniser, donc elle ne se sentirait plus isolée dans une ville étrangère, donc elle n'aurait plus besoin d'un accompagnateur local. Comme, par ailleurs, il avait pu constater que la maîtrise du français par la jeune nippone était plus que balbutiante, il lui proposa donc de l'initier aux subtilités de notre langue autour d'un café.
Les voilà donc à une table. Tous deux sur la banquette, bien entendu, le monsieur a expliqué à la jeune femme que c'était bien plus confortable. Et puis, de près, on se comprend mieux. Sur un cahier à spirales, il se met à lui écrire des choses, à griffoner, à expliquer, à faire de grands gestes avec les mains, tout sourire dégainé, toutes dents dehors.
Commence alors un ballet des plus gracieux. Comme la communication, ce ne sont pas uniquement les mots, mais aussi le contact, progressivement, il tente un bras autour des épaules de la demoiselle. Qui rit, se déplace un peu, ne se dégage pas vraiment. Il cherche à attrapper sa main posée sur le papier, qui file à l'autre bout de la table. A l'occasion d'une explication phonétique, il tente de voler un baiser, n'obtient que les cheveux : la Japonaise a tourné la tête à propos.
A chacune de ces approches de plus en plus manifestes, on sent la jeune femme déroutée. Elle est là pour se familiariser avec la culture française. Or, que connaît-elle des traditions françaises, de la courtoisie telle qu'elle se pratique en ce pays, des moeurs locales ? Peut-être est-il tout naurel, en France, à Paris, d'entourer les épaules de son interlocuteur ? Les Français sont si chaleureux... Peut-être parle-t-on avec les mains, peut-être s'embrasse-t-on pour un rien, en France, à Paris ? Après tout, comment savoir si sa réaction de refus ne va pas être parçue comme une impolitesse de la part de cet indigène ?
Et, perdue dans une faille interculturelle, la jeune japonaise rend sourire timide pour sourire carnassier. Elle essaye, avec bonne volonté, de s'imprégner de l'esprit français.
Mais déjà sous la table son petit pied glisse de côté, impatient de prendre la fuite.
Il avait sans doute commencé par lui proposer de lui montrer les plus belles oeuvres du musée. Mais il se rendit vite compte que la demoiselle allait y retrouver tout un tas de compatriotes avec lesquels elle pourrait fraterniser, donc elle ne se sentirait plus isolée dans une ville étrangère, donc elle n'aurait plus besoin d'un accompagnateur local. Comme, par ailleurs, il avait pu constater que la maîtrise du français par la jeune nippone était plus que balbutiante, il lui proposa donc de l'initier aux subtilités de notre langue autour d'un café.
Les voilà donc à une table. Tous deux sur la banquette, bien entendu, le monsieur a expliqué à la jeune femme que c'était bien plus confortable. Et puis, de près, on se comprend mieux. Sur un cahier à spirales, il se met à lui écrire des choses, à griffoner, à expliquer, à faire de grands gestes avec les mains, tout sourire dégainé, toutes dents dehors.
Commence alors un ballet des plus gracieux. Comme la communication, ce ne sont pas uniquement les mots, mais aussi le contact, progressivement, il tente un bras autour des épaules de la demoiselle. Qui rit, se déplace un peu, ne se dégage pas vraiment. Il cherche à attrapper sa main posée sur le papier, qui file à l'autre bout de la table. A l'occasion d'une explication phonétique, il tente de voler un baiser, n'obtient que les cheveux : la Japonaise a tourné la tête à propos.
A chacune de ces approches de plus en plus manifestes, on sent la jeune femme déroutée. Elle est là pour se familiariser avec la culture française. Or, que connaît-elle des traditions françaises, de la courtoisie telle qu'elle se pratique en ce pays, des moeurs locales ? Peut-être est-il tout naurel, en France, à Paris, d'entourer les épaules de son interlocuteur ? Les Français sont si chaleureux... Peut-être parle-t-on avec les mains, peut-être s'embrasse-t-on pour un rien, en France, à Paris ? Après tout, comment savoir si sa réaction de refus ne va pas être parçue comme une impolitesse de la part de cet indigène ?
Et, perdue dans une faille interculturelle, la jeune japonaise rend sourire timide pour sourire carnassier. Elle essaye, avec bonne volonté, de s'imprégner de l'esprit français.
Mais déjà sous la table son petit pied glisse de côté, impatient de prendre la fuite.