Un samedi soir sous la terre
Samedi soir, heure tardive mais pas trop encore, sur un quai de métro, lieu romantique s’il en est, deux jeunes gens viennent d’arrêter leurs pas. La proximité dans laquelle ils se tiennent suffirait sans doute à laisser penser que ces deux-là ne sont pas de simples camarades. D’ailleurs, quelques instants plus tard, le jeune homme prend la jeune fille entre ses bras, en un geste simple et tendre. Ils ne sont pas spécialement démonstratifs, tous les deux, enfin quoi, ce sont des jeunes gens bien élevés, mais on sent bien que l’univers, autour, les gens, le métro, la misère du monde, comment dire, ils n’y pensent pas trop, pour le moment. D’ailleurs ils viennent d’échanger un baiser, oh, pas spécialement langoureux, leurs lèvres se sont à peine touchées, mais c’était plein de douceur.
Un homme qui était assis tout au bout du quai se lève alors et s’approche du couple en titubant. Zut, se dit la souris blonde (car c’était elle). Se faire prendre à parti par un type ivre, même quand on est en armoiraglaciale compagnie, ce n’est jamais agréable. L’homme nous interpelle alors :
« Eh, les amoureux ! J’voulais vous dire, j’dis ça, c’est parce que j’suis bourré, sinon, je l’dirais pas, mais… »
Qu’est-ce qu’il veut, celui-là, des sous, ou nous jeter un seau d’eau froide ? Il était bien chaste, pourtant, ce baiser… L’homme poursuit :
« Ben moi, quand je vois des amoureux qui s’embrassent, ça me met de bonne humeur ! ça me donne la pêche pour toute la soirée ! Merci, hein ! »
Tout finit donc par des sourires échangés, sinon par des chansons.
Bonne soirée, alors…