Compliment formel
La souris se pressait au long d’une avenue venteuse, le pied léger, l’esprit ailleurs et sous le bras ses lourds outils de travail, lorsqu’un homme qu’elle venait de dépasser l’interpella d’une voix forte :
« Tes formes sont très belles ! »
Compliment qui ne manque certes pas d’originalité, sinon sur le fond, au moins sur les formes, si j’ose dire.
La souris, perdue dans ses pensées comme dans une ville inconnue, allait répondre machinalement une banalité, « Merci, vous aussi », par exemple, réponse courtoise et qui a fait ses preuves dans bon nombre d’échanges de politesses formelles. Quand soudain, mue sans doute par quelque réflexe reptilien, elle se retourna.
L’homme qui avait parlé se tenait près d’un imposant deux-roues. Il était recouvert, des pieds au cou, d’épais vêtements de moto qui masquaient son corps comme la carapace d’un insecte géant. Sur sa tête un casque, visière baissée. De sa forme à lui, rien, pas le moindre indice n’était visible.