Les Feux de paille de l'amour
Dans le précédent épisode, la souris blonde essayait désespérément d'échapper à un dragueur à la sauvette en se réfugiant dans son trou de souris.
Conscient de ses atouts et certain de plaire, le monsieur se mit alors à la suivre sans cesser une seule seconde d'alimenter la conversation. En bas de l'immeuble, il sortit même un carnet pour bien montrer que si, si, il pouvait noter tout de suite son numéro de téléphone, que ça ne prendrait pas longtemps. La souris tentait vainement de s'échapper dans les règles de la politesse, en lui faisant comprendre gentiment que non, ce n'était pas possible, et comprit rapidement qu'il était grand temps de... Citer Tocqueville :
Celui-ci rentrerait donc dans la catégorie "américain".
Il était grand temps de claquer la porte au nez de l'importun. En s'enfonçant dans le couloir de son chez elle enfin silencieux, la souris blonde eut tout juste le temps d'entendre, à travers la porte, un "Trop conne, celle-là!" prononcé un peu trop haut. Quelques minutes plus tard, par sa fenêtre ouverte, elle put entendre la voix mélodieuse de son camelot à la noix (mais n'est-ce pas pléonastique?) qui cherchait à embobiner une autre cliente potentielle. Jeune, évidemment, et souricesque de même. Sans plus de succès, car, rappelons-nous, les Parisiens ne sont pas sympas, ils ne veulent pas discuter.
Mais l'heure tournait. Le sèche-linge aussi, pendant ce temps. Soudain il fut temps pour la souris d'aller quérir ses draps enfin secs.
Or, devant son immeuble, nonchalament appuyé au mur, attendant le client... Il était là. Il lui lança un grand sourire, auquel la souris, toujours courtoise, répondit évidemment. Et il reprit sa course à la souris, recommençant ses discours avec le même imperturbable enthousiasme.
La souris commençait à se sentir de plus en plus parisienne, et de moins en moins ouverte à la discussion. Elle attaqua donc de front, interrogeant le mystérieux individu sur le point qu'elle n'avait toujours pas réussi à résoudre : mais finalement, que voulait-il, faire connaissance ou vendre ses produits de beauté?
"Ben, un peu des deux! C'est plus sympa, non? C'est ma technique à moi!"
Ah, oui, pour sûr. ça s'appelle même courir deux lièvres à la fois, mon grand. Ou deux souris. Ce dragueur-là avait réinventé le marketing à la noix.
Conscient de ses atouts et certain de plaire, le monsieur se mit alors à la suivre sans cesser une seule seconde d'alimenter la conversation. En bas de l'immeuble, il sortit même un carnet pour bien montrer que si, si, il pouvait noter tout de suite son numéro de téléphone, que ça ne prendrait pas longtemps. La souris tentait vainement de s'échapper dans les règles de la politesse, en lui faisant comprendre gentiment que non, ce n'était pas possible, et comprit rapidement qu'il était grand temps de... Citer Tocqueville :
« J’ai remarqué bien des fois qu’aux Etats-Unis, ce n’est point une chose aisée que de faire entendre à un homme que sa présence importune. Pour en arriver là, les voies détournées ne suffisent pas toujours.
Je contredis un Américain à tout propos, afin de lui faire sentir que ses discours me fatiguent ; et à chaque instant je lui vois faire de nouveaux efforts pour me convaincre ; je garde un silence obstiné, et il s’imagine que je réfléchis profondément aux vérités qu’il me présente ; et, quand je me dérobe enfin tout à coup à sa poursuite, il suppose qu’une affaire pressante m’appelle ailleurs. Cet homme ne comprendra pas qu’il m’excède, sans que je le lui dise, et je ne pourrai me sauver de lui qu’en devenant son ennemi mortel. »
Je contredis un Américain à tout propos, afin de lui faire sentir que ses discours me fatiguent ; et à chaque instant je lui vois faire de nouveaux efforts pour me convaincre ; je garde un silence obstiné, et il s’imagine que je réfléchis profondément aux vérités qu’il me présente ; et, quand je me dérobe enfin tout à coup à sa poursuite, il suppose qu’une affaire pressante m’appelle ailleurs. Cet homme ne comprendra pas qu’il m’excède, sans que je le lui dise, et je ne pourrai me sauver de lui qu’en devenant son ennemi mortel. »
Celui-ci rentrerait donc dans la catégorie "américain".
Il était grand temps de claquer la porte au nez de l'importun. En s'enfonçant dans le couloir de son chez elle enfin silencieux, la souris blonde eut tout juste le temps d'entendre, à travers la porte, un "Trop conne, celle-là!" prononcé un peu trop haut. Quelques minutes plus tard, par sa fenêtre ouverte, elle put entendre la voix mélodieuse de son camelot à la noix (mais n'est-ce pas pléonastique?) qui cherchait à embobiner une autre cliente potentielle. Jeune, évidemment, et souricesque de même. Sans plus de succès, car, rappelons-nous, les Parisiens ne sont pas sympas, ils ne veulent pas discuter.
Mais l'heure tournait. Le sèche-linge aussi, pendant ce temps. Soudain il fut temps pour la souris d'aller quérir ses draps enfin secs.
Or, devant son immeuble, nonchalament appuyé au mur, attendant le client... Il était là. Il lui lança un grand sourire, auquel la souris, toujours courtoise, répondit évidemment. Et il reprit sa course à la souris, recommençant ses discours avec le même imperturbable enthousiasme.
La souris commençait à se sentir de plus en plus parisienne, et de moins en moins ouverte à la discussion. Elle attaqua donc de front, interrogeant le mystérieux individu sur le point qu'elle n'avait toujours pas réussi à résoudre : mais finalement, que voulait-il, faire connaissance ou vendre ses produits de beauté?
"Ben, un peu des deux! C'est plus sympa, non? C'est ma technique à moi!"
Ah, oui, pour sûr. ça s'appelle même courir deux lièvres à la fois, mon grand. Ou deux souris. Ce dragueur-là avait réinventé le marketing à la noix.