La souris dénudée
Aujourd'hui, je vais prouver que je suis une vraie blonde. Non, mieux : aujourd'hui sera dévoilée la réponse à une interrogation fondamentale concernant les femmes, les hommes, les relations entre les hommes et les femmes, les dragueurs à la noix, life, the universe and everything.
Aujourd'hui, donc, pourquoi la souris est une souris. Questions, avouons-le, bien plus intéressante que de se demander pourquoi l'être est, pourquoi le monde est monde, pourquoi c'est ainsi et pas autrement ou encore si le monde extérieur existe réellement en-dehors de mon esprit, tous préalables utiles à examiner, certes, mais qui ne font certainement pas avancer le schmilblick des dragueurs à la noix.
Essayez, pour voir :
Lui : Eh, t'es trop charmante !
Vous (théâtrale) : Oh, ah, attention, malheureux ! Avant de te prononcer là-dessus, es-tu bien certain que j'existe réellement ?
Lui : ...
Vous : Je veux dire, qu'est-ce qui te prouve que j'existe ailleurs que dans ton esprit ?
Lui : Bah ça se voit, non ? (joignant le geste déplacé à la parole, tel un moderne saint Thomas, il cherche à toucher pour croire)
Vous (esquivant) : Tu êtes donc partisan de Samuel Johnson, qui prétendait réfuter les théories de Berkeley sur la non-existence du monde matériel en donnant un coup de pied dans une pierre ! Je me dois néanmoins de te mettre en garde, ça peut faire très mal au pied.
Lui : Attends, tu me parles pas comme ça !
Vous : Et quoi qu'il en soit, cette réfutation est caduque : le fait de toucher un objet ne saurait en aucun cas prouver son existence, car cela peut être une simple auto-illusion des sens, au même titre que la vision.
Lui : ...
Vous : En effet, l'argument est simple : moi qui te parle, peux-tu concevoir que j'existe sans que tu sois là, toi, pour concevoir que j'existe ? Non, n'est-ce pas ? Alors c'est bien que je n'existe que dans ton esprit !
(Là est un moment judicieux pour s'éclipser furtivement, profitant de la forêt de points d'interrogation qui lui voilent momentanément la vue.)
Efficace, certes, mais grande est la probabilité de vous faire violemment insulter par votre dragueur à la noix avant d'avoir pu développer toutes les finesses de l'argument de Berkeley et ses réfutations possibles.
Voire même, d'avoir à courir après ledit dragueur à la noix pour finir de lui expliquer la chose, ce qui serait un comble.
Dans le cas où le dragueur à la noix se mettrait à répondre des choses comme "Oui, Socrate, tu as raison", ou "Ta parole est juste, Socrate", de deux choses l'une : soit vous vous croyez dans un dialogue platonicien, et il faut vous enfermer ; soit votre dragueur à la noix est étudiant en philosophie, et il faut l'enfermer.
Au fait, la raison ultime expliquant pourquoi la souris est souris s'est perdue en route. Il faudra donc attendre le prochain épisode. Demain, j'enlève le haut.
Episode 2 : Demain, j'enlève le bas
Episode 3 : Je l'attrappe par la queue, je la montre à ces messieurs
Aujourd'hui, donc, pourquoi la souris est une souris. Questions, avouons-le, bien plus intéressante que de se demander pourquoi l'être est, pourquoi le monde est monde, pourquoi c'est ainsi et pas autrement ou encore si le monde extérieur existe réellement en-dehors de mon esprit, tous préalables utiles à examiner, certes, mais qui ne font certainement pas avancer le schmilblick des dragueurs à la noix.
Essayez, pour voir :
Lui : Eh, t'es trop charmante !
Vous (théâtrale) : Oh, ah, attention, malheureux ! Avant de te prononcer là-dessus, es-tu bien certain que j'existe réellement ?
Lui : ...
Vous : Je veux dire, qu'est-ce qui te prouve que j'existe ailleurs que dans ton esprit ?
Lui : Bah ça se voit, non ? (joignant le geste déplacé à la parole, tel un moderne saint Thomas, il cherche à toucher pour croire)
Vous (esquivant) : Tu êtes donc partisan de Samuel Johnson, qui prétendait réfuter les théories de Berkeley sur la non-existence du monde matériel en donnant un coup de pied dans une pierre ! Je me dois néanmoins de te mettre en garde, ça peut faire très mal au pied.
Lui : Attends, tu me parles pas comme ça !
Vous : Et quoi qu'il en soit, cette réfutation est caduque : le fait de toucher un objet ne saurait en aucun cas prouver son existence, car cela peut être une simple auto-illusion des sens, au même titre que la vision.
Lui : ...
Vous : En effet, l'argument est simple : moi qui te parle, peux-tu concevoir que j'existe sans que tu sois là, toi, pour concevoir que j'existe ? Non, n'est-ce pas ? Alors c'est bien que je n'existe que dans ton esprit !
(Là est un moment judicieux pour s'éclipser furtivement, profitant de la forêt de points d'interrogation qui lui voilent momentanément la vue.)
Efficace, certes, mais grande est la probabilité de vous faire violemment insulter par votre dragueur à la noix avant d'avoir pu développer toutes les finesses de l'argument de Berkeley et ses réfutations possibles.
Voire même, d'avoir à courir après ledit dragueur à la noix pour finir de lui expliquer la chose, ce qui serait un comble.
Dans le cas où le dragueur à la noix se mettrait à répondre des choses comme "Oui, Socrate, tu as raison", ou "Ta parole est juste, Socrate", de deux choses l'une : soit vous vous croyez dans un dialogue platonicien, et il faut vous enfermer ; soit votre dragueur à la noix est étudiant en philosophie, et il faut l'enfermer.
Au fait, la raison ultime expliquant pourquoi la souris est souris s'est perdue en route. Il faudra donc attendre le prochain épisode. Demain, j'enlève le haut.
Episode 2 : Demain, j'enlève le bas
Episode 3 : Je l'attrappe par la queue, je la montre à ces messieurs