SNCF, donner au train des idées d'avance
Et visiblement, la SNCF ne donne pas seulement des idées aux trains.
Dans le train du retour, donc... Oui, car entre le départ et le retour, il s'est forcément passé des choses, mais les raconter dans l'ordre manquerait totalement d'intérêt. Dans le train du retour, harassée par le temps orageux et une semaine de vacances, la souris blonde s'est autorisée à se lover dans son siège pour faire une petite sieste tardive, car les souris ont ce touchant avantage de pouvoir dormir un peu n'importe où, sur un quai de gare ou dans un train bondé.
Non, cet article ne sera pas consacré à mes rêveries érotiques ferroviaires. Je sais bien que le train est un fantasme assez largement partagé, mais enfin, de la cohérence, que diable, de la cohérence.
Donc, je fus réveillée soudainement par un petit cliquetis étrange, un peu comme le bruit d'un rongeur grignottant quelques graines - rien que de normal dans l'oreille d'une souris, me direz-vous ; certes, vous répondrai-je, mais la souris en question avait bien conscience de n'être pas dans un grenier à blé, entourée de congénères aux yeux noirs et brillants, mais dans un wagon climatisé, entourée d'hommes d'affaires, d'étudiants en vacances et d'inconnus improbables.
Et justement, l'un de ces improbables inconnus me visait. Sitôt les yeux ouverts, l'origine du cliquetis me sauta littéralement aux yeux : assis juste en face de moi, de l'autre côté de l'allée, un homme me mitraillait dans mon sommeil avec un appareil photo énorme. Un qui avait dû croire que la chasse à la souris était ouverte, sans doute.
J'ouvre donc de grands yeux mi-incrédules, parce que les souris ne croient en rien, certes, mais là, j'atteignais les limites de mon incrédulité, mi-menaçants, tout de même, mais les yeux d'une souris au réveil, ça ne doit pas être bien menaçant, car l'inconnu continu de me mitrailler les yeux dans les yeux, en me faisant tout de même remarquer au passage que c'était mieux les yeux fermés, pour le cas où j'aurais eu l'obligeance de me rendormir sous son objectif.
Puis, tout en me souriant gentiment, il a rangé son gros appareil photo avec toutes les photos de moi dedans. J'étais si pétrifiée que je n'ai même pas bougé. Drôle de façon de montrer à une jeune fille qu'on a envie de la posséder, tout de même. Et drôle de façon de se saisir d'une image comme ça, sans rien demander.
Donner au train des idées d'avance, je ne sais pas. Mais donner aux souris des insomnies ferroviaires, certainement.
Dans la foulée, je découvre une initiative intéressante de la SNCF, qui a visiblement décidé d'assumer le caractère fantasmatique des voyages en train.
Et je ne me remets toujours pas d'être devenue le souvenir de vacances d'un indélicat pourvu de zoom, ramassée dans mon sommeil comme un galet sur la plage.
Dans le train du retour, donc... Oui, car entre le départ et le retour, il s'est forcément passé des choses, mais les raconter dans l'ordre manquerait totalement d'intérêt. Dans le train du retour, harassée par le temps orageux et une semaine de vacances, la souris blonde s'est autorisée à se lover dans son siège pour faire une petite sieste tardive, car les souris ont ce touchant avantage de pouvoir dormir un peu n'importe où, sur un quai de gare ou dans un train bondé.
Non, cet article ne sera pas consacré à mes rêveries érotiques ferroviaires. Je sais bien que le train est un fantasme assez largement partagé, mais enfin, de la cohérence, que diable, de la cohérence.
Donc, je fus réveillée soudainement par un petit cliquetis étrange, un peu comme le bruit d'un rongeur grignottant quelques graines - rien que de normal dans l'oreille d'une souris, me direz-vous ; certes, vous répondrai-je, mais la souris en question avait bien conscience de n'être pas dans un grenier à blé, entourée de congénères aux yeux noirs et brillants, mais dans un wagon climatisé, entourée d'hommes d'affaires, d'étudiants en vacances et d'inconnus improbables.
Et justement, l'un de ces improbables inconnus me visait. Sitôt les yeux ouverts, l'origine du cliquetis me sauta littéralement aux yeux : assis juste en face de moi, de l'autre côté de l'allée, un homme me mitraillait dans mon sommeil avec un appareil photo énorme. Un qui avait dû croire que la chasse à la souris était ouverte, sans doute.
J'ouvre donc de grands yeux mi-incrédules, parce que les souris ne croient en rien, certes, mais là, j'atteignais les limites de mon incrédulité, mi-menaçants, tout de même, mais les yeux d'une souris au réveil, ça ne doit pas être bien menaçant, car l'inconnu continu de me mitrailler les yeux dans les yeux, en me faisant tout de même remarquer au passage que c'était mieux les yeux fermés, pour le cas où j'aurais eu l'obligeance de me rendormir sous son objectif.
Puis, tout en me souriant gentiment, il a rangé son gros appareil photo avec toutes les photos de moi dedans. J'étais si pétrifiée que je n'ai même pas bougé. Drôle de façon de montrer à une jeune fille qu'on a envie de la posséder, tout de même. Et drôle de façon de se saisir d'une image comme ça, sans rien demander.
Donner au train des idées d'avance, je ne sais pas. Mais donner aux souris des insomnies ferroviaires, certainement.
Dans la foulée, je découvre une initiative intéressante de la SNCF, qui a visiblement décidé d'assumer le caractère fantasmatique des voyages en train.
Et je ne me remets toujours pas d'être devenue le souvenir de vacances d'un indélicat pourvu de zoom, ramassée dans mon sommeil comme un galet sur la plage.