Drague et racisme II - Aufhebung, Alètheia et Deus ex machina
Le sujet "drague et racisme" était, de toute évidence, un gros sujet miné (non, je n'ai pas dit un sujet gros miné) (zut, si), mais vu votre ardeur à en découdre dans les commentaires, visiblement, tout le monde en redemande. Go on, make my day.
Au courrier des lecteur cette semaine, le jeune Tony, Grand Maître du Grand Râteau de France, suggère cette addition au sujet :
Pour avoir fait pas mal de soirées avec des amis maghrébins, je peux t'assurer que nombre d'entre eux ont une conception assez binaire de la nature féminine en Europe occidentale. Les femmes se rangent en deux catégories : les musulmanes chastes et pratiquantes d'un côté, et les putes de l'autre. Les premières sont des femmes qu'ils respectent, le genre dont on fait des épouses et des mères.
Les secondes, à partir du moment où elles ne vivent pas selon le Coran, et affichent leur libéralisme sexuel, sont catégorisées comme objets sexuels disponibles, et ne peuvent s'attendre qu'à des égards très limités.
Je pense que tout cela est profondément ancré dans la culture maghrébine. Et si l'on ajouté l'historique colonial et la volonté de nombre d'entre eux de vouloir prendre leur revanche en "baisant la France", on voit qu'on tient là un terrain particulièrement favorable à l'éclosion de DALNs agressifs, voire très agressifs (ex.: prendre un train de banlieue vers minuit un vendredi ou samedi soir ).
Hélas, cher Tony, je vais te décevoir, je ne te réfuterai pas en balançant tout plein de petits chiffres comme autant de goutelettes d'eau bénite sur tes propos sulfureux, puisqu'il faudrait être aveugle pour nier le lien profond entre culture, éducation et comportement dragualanoisiques - l'indépendance d'esprit n'est pas la caractéristique essentielle du dragueur à la noix. Certes, comme tu le soulignes, certains discours religieux, sociaux ou familiaux sont de véritables pépinières de dragueurs à la noix virulents, armes et argumentaires pour mépriser leur objet de convoitise, et j'irai jusqu'à dire que si l'on suit leur logique, nul besoin d'afficher son libéralisme sexuel pour être une "pute" : pour certains, sortir de chez soi non accompagnée suffit pour se déshonorer. Autant dire que selon ces critères, la plus bigotte des vieilles filles de la paroisse de saint Nicolas du Chardonnet est, elle aussi, une pute lorsqu'elle va faire ses courses toute seule à Shopi.
Non, ce que je conteste avec véhémence, c'est l'idée selon laquelle ce constat appartiendrait à une réflexion sur "drague et racisme". Et comme la véhémence passe assez mal à l'écrit, on remplacera par la quantité, pour changer.
De racisme, dans ce que tu avances, il n'est nullement question.
Ton propos serait tout à fait à sa place dans un article sur "drague et culture", qui traiterait des racines anthropologiques de la drague, ou encore sur "drague et sexisme", qui traiterait de l'influence de certaines conceptions de la femme sur les comportements dragualanoisiques - lesquelles deux thématiques pourraient être reliées au sein d'une grande étude sur "image culturelle de la femme et drague à la noix".
Laquelle étude ne serait pas complète sans un bout d'anthropologie des climats tempérés du nord. Il faudrait, par exemple, se demander combien d'hommes, chez nous autres petits blancs de France, d'Europe ou d'Amérique, ne pourraient envisager d'épouser une femme avec laquelle ils auraient eu certaines pratiques sexuelles. Comme si, là aussi, la mère de mes enfants et une femme sexuellement libérée, c'était deux choses bien distinctes. Combien d'hommes considèrent d'une jeune femme violée qu'elle l'a "bien cherché". Combien interdisent à leur copine le port de vêtements qui les fait saliver sur d'autres. Et même si ce genre d'inconscient collectif est plus masqué, moins ouvertement assumé dans les discours sous nos climats (ou tout simplement moins visible parce que nous baignons dedans), il est très manifeste que certains bons Français font, eux aussi, une nette différence entre leur femme (la maman) et celle qu'ils croisent seule dans la rue (la putain, nécessairement). La culture chrétienne, catholique ou protestante, n'a, je crois, pas beaucoup à envier à l'Islam sur ce point - ou alors c'est une question de degré, c'est-à-dire de temps de décantation.
Autrement dit, les idéologies dangereuses ne sont pas le monopole des maghrébins, loin de là.
C'est pourquoi l'important, quand on parle de "drague et racisme", ce n'est pas d'insister sur les raisons qui font de l'"autre" visible un dragueur à la noix, mais bien de montrer qu'on ne saurait associer drague à la noix et choc des cultures.
Parce que si ce que tu décris est très juste, ça n'en est pas moins dangereux. Ce sont ces vérités qui donnent du grain à moudre aux bons français qui pensent que seuls les arabes manquent de respect aux jeunes filles.
Et le danger de trop insister sur l'assimilation entre idéologie islamique et drague à la noix, si on ne la prend pas avec des pincettes, c'est précisément qu'elle fournit le lien causal entre la première configuration évoquée (le racisme envers les dragueurs de couleur) et la seconde (le racisme des dragueurs de couleur). En mettant l'accent sur les racines culturelles qui expliqueraient pourquoi les maghrébins seraient forcément agressifs et insultants envers les Françaises, on légitime la haine envers une population issue de l'immigration, rendant d'autant plus difficile son intégration. D'où un sentiment de rejet qui s'exprime de manière revancharde par une agressivité envers les Françaises en tant que représentant la France, et par un discours insistant sur le clivage même dont ces dragueurs souffrent. Ces deux figures du racisme - le racisme envers les dragueurs, le racisme des dragueurs - ce sont les deux faces d'un même malaise social, chaque attitude agressive contribuant à entretenir et renforcer celle d'en face.
Je finirais bien par une blague sur l'origine ethnique des cercles vicieux, mais parler de malaise social me donne rarement envie de rire, en fait. La prochaine fois, choses légères et réconciliation des peuples.
Au courrier des lecteur cette semaine, le jeune Tony, Grand Maître du Grand Râteau de France, suggère cette addition au sujet :
Pour avoir fait pas mal de soirées avec des amis maghrébins, je peux t'assurer que nombre d'entre eux ont une conception assez binaire de la nature féminine en Europe occidentale. Les femmes se rangent en deux catégories : les musulmanes chastes et pratiquantes d'un côté, et les putes de l'autre. Les premières sont des femmes qu'ils respectent, le genre dont on fait des épouses et des mères.
Les secondes, à partir du moment où elles ne vivent pas selon le Coran, et affichent leur libéralisme sexuel, sont catégorisées comme objets sexuels disponibles, et ne peuvent s'attendre qu'à des égards très limités.
Je pense que tout cela est profondément ancré dans la culture maghrébine. Et si l'on ajouté l'historique colonial et la volonté de nombre d'entre eux de vouloir prendre leur revanche en "baisant la France", on voit qu'on tient là un terrain particulièrement favorable à l'éclosion de DALNs agressifs, voire très agressifs (ex.: prendre un train de banlieue vers minuit un vendredi ou samedi soir ).
Hélas, cher Tony, je vais te décevoir, je ne te réfuterai pas en balançant tout plein de petits chiffres comme autant de goutelettes d'eau bénite sur tes propos sulfureux, puisqu'il faudrait être aveugle pour nier le lien profond entre culture, éducation et comportement dragualanoisiques - l'indépendance d'esprit n'est pas la caractéristique essentielle du dragueur à la noix. Certes, comme tu le soulignes, certains discours religieux, sociaux ou familiaux sont de véritables pépinières de dragueurs à la noix virulents, armes et argumentaires pour mépriser leur objet de convoitise, et j'irai jusqu'à dire que si l'on suit leur logique, nul besoin d'afficher son libéralisme sexuel pour être une "pute" : pour certains, sortir de chez soi non accompagnée suffit pour se déshonorer. Autant dire que selon ces critères, la plus bigotte des vieilles filles de la paroisse de saint Nicolas du Chardonnet est, elle aussi, une pute lorsqu'elle va faire ses courses toute seule à Shopi.
Non, ce que je conteste avec véhémence, c'est l'idée selon laquelle ce constat appartiendrait à une réflexion sur "drague et racisme". Et comme la véhémence passe assez mal à l'écrit, on remplacera par la quantité, pour changer.
De racisme, dans ce que tu avances, il n'est nullement question.
Ton propos serait tout à fait à sa place dans un article sur "drague et culture", qui traiterait des racines anthropologiques de la drague, ou encore sur "drague et sexisme", qui traiterait de l'influence de certaines conceptions de la femme sur les comportements dragualanoisiques - lesquelles deux thématiques pourraient être reliées au sein d'une grande étude sur "image culturelle de la femme et drague à la noix".
Laquelle étude ne serait pas complète sans un bout d'anthropologie des climats tempérés du nord. Il faudrait, par exemple, se demander combien d'hommes, chez nous autres petits blancs de France, d'Europe ou d'Amérique, ne pourraient envisager d'épouser une femme avec laquelle ils auraient eu certaines pratiques sexuelles. Comme si, là aussi, la mère de mes enfants et une femme sexuellement libérée, c'était deux choses bien distinctes. Combien d'hommes considèrent d'une jeune femme violée qu'elle l'a "bien cherché". Combien interdisent à leur copine le port de vêtements qui les fait saliver sur d'autres. Et même si ce genre d'inconscient collectif est plus masqué, moins ouvertement assumé dans les discours sous nos climats (ou tout simplement moins visible parce que nous baignons dedans), il est très manifeste que certains bons Français font, eux aussi, une nette différence entre leur femme (la maman) et celle qu'ils croisent seule dans la rue (la putain, nécessairement). La culture chrétienne, catholique ou protestante, n'a, je crois, pas beaucoup à envier à l'Islam sur ce point - ou alors c'est une question de degré, c'est-à-dire de temps de décantation.
Autrement dit, les idéologies dangereuses ne sont pas le monopole des maghrébins, loin de là.
C'est pourquoi l'important, quand on parle de "drague et racisme", ce n'est pas d'insister sur les raisons qui font de l'"autre" visible un dragueur à la noix, mais bien de montrer qu'on ne saurait associer drague à la noix et choc des cultures.
Parce que si ce que tu décris est très juste, ça n'en est pas moins dangereux. Ce sont ces vérités qui donnent du grain à moudre aux bons français qui pensent que seuls les arabes manquent de respect aux jeunes filles.
Et le danger de trop insister sur l'assimilation entre idéologie islamique et drague à la noix, si on ne la prend pas avec des pincettes, c'est précisément qu'elle fournit le lien causal entre la première configuration évoquée (le racisme envers les dragueurs de couleur) et la seconde (le racisme des dragueurs de couleur). En mettant l'accent sur les racines culturelles qui expliqueraient pourquoi les maghrébins seraient forcément agressifs et insultants envers les Françaises, on légitime la haine envers une population issue de l'immigration, rendant d'autant plus difficile son intégration. D'où un sentiment de rejet qui s'exprime de manière revancharde par une agressivité envers les Françaises en tant que représentant la France, et par un discours insistant sur le clivage même dont ces dragueurs souffrent. Ces deux figures du racisme - le racisme envers les dragueurs, le racisme des dragueurs - ce sont les deux faces d'un même malaise social, chaque attitude agressive contribuant à entretenir et renforcer celle d'en face.
Je finirais bien par une blague sur l'origine ethnique des cercles vicieux, mais parler de malaise social me donne rarement envie de rire, en fait. La prochaine fois, choses légères et réconciliation des peuples.