L'ami du petit déjeuner
"Eh, mademoiselle, tu veux un chocobon?"
Oh ça, c'est gentil, comme proposition. Et original surtout, plus qu'un banal "on va prendre un verre?" ou bien encore "un café, pour faire connaissance?" Et judicieusement à propos de surcroît, puisqu'après tout, à huit heures et demie du matin, la souris aurait très bien pu sortir sans avoir pris de petit déjeuner.
Sauf qu'au teint du jeune homme et à l'absence de toute barre chocolatée dans sa main, n'importe quelle souris aurait très vite compris qu'il s'agissait d'une métaphore plutôt osée. A moins d'être une vraiment très innocente souris, et de ne connaître d'autre péché que le chocolat au lait.
Mais la souris déclina l'offre avec un sourire, et de ce sourire le dragueur chocolaté conclut qu'il pouvait continuer la conversation, tandis que leurs chemins suivaient la même direction. Il poursuivit par quelques compliments habituels, curieusement en retrait par rapport à l'audace de l'apostrophe initiale. Il était en veine de confidences; et son discours prit des voies encore plus inattendues lorsqu'il se mit à parler de sa copine.
Oui, avant même que la souris ait eu le temps de dégainer la parade "j'ai déjà un copain", laquelle, comme on sait, est complètement inefficace contre les dragueurs à la noix, puisqu'ils fonctionnent selon l'éprouvé principe du "quand y'en a pour un, y'en a pour deux."
Et ça donnait à peu près ceci:
"Ouais, tu vois, je vais rejoindre ma copine, là."
(Tentative de prouver qu'il n'est pas needy, qu'au contraire, il n'en a rien à faire, de la souris, puisqu'il a déjà une copine. Le propos se veut paradoxalement sécurisant: petite souris, en sortant avec ce dragueur-là, tu sors avec un mec testé et approuvé, mais en plus, tu n'auras même pas à assumer une vraie relation, puisqu'une autre s'en charge déjà.)
"T'as vu, elle m'attend, elle est jolie et tout, elle m'aime, et moi, qu'est-ce que je fais, je veux la tromper."
(Alors que la première phrase énonçait "j'ai pas besoin de toi, mais je veux bien te faire une faveur", la stratégie opère ici un subtil revirement, sous-entendant que le pouvoir d'attraction de la souris est tel qu'aucun homme, même heureux en couple, n'y résiste. La souris est ici clairement mise dans le rôle sulfureux de la dark lady, mystérieuse et attirante, briseuse d'amours légitimes. Et là, que voulez-vous répondre d'autre que Wouahou, comme c'est romanesque?
"Rah j'suis vraiment un vaurien, ouais."
(Après avoir titillé la Rebecca qui sommeille en chacune, nouveau revirement: parler à l'infirmière qui sommeille pas loin (oui, il y a beaucoup de choses qui sommeillent ensemble à l'intérieur d'une souris, tout cela n'est pas bien moral, mais nous nous éloignons du sujet). En se présentant comme un mauvais garçon, le jeune homme cherche à éveiller un intérêt pour sa rédemption : peut-être, qui sait, la souris est-elle seule capable de le remettre dans le droit chemin? L'annonce sonne un peu comme un défi: toi avec qui je ferais volontiers des infidélités à ma légitime, seras-tu capable de me rendre fidèle? Tentée? Non?)
Au fait, non. Avec ses poses de bad boy, il était par trop amer, l'ami du petit déjeuner.
Oh ça, c'est gentil, comme proposition. Et original surtout, plus qu'un banal "on va prendre un verre?" ou bien encore "un café, pour faire connaissance?" Et judicieusement à propos de surcroît, puisqu'après tout, à huit heures et demie du matin, la souris aurait très bien pu sortir sans avoir pris de petit déjeuner.
Sauf qu'au teint du jeune homme et à l'absence de toute barre chocolatée dans sa main, n'importe quelle souris aurait très vite compris qu'il s'agissait d'une métaphore plutôt osée. A moins d'être une vraiment très innocente souris, et de ne connaître d'autre péché que le chocolat au lait.
Mais la souris déclina l'offre avec un sourire, et de ce sourire le dragueur chocolaté conclut qu'il pouvait continuer la conversation, tandis que leurs chemins suivaient la même direction. Il poursuivit par quelques compliments habituels, curieusement en retrait par rapport à l'audace de l'apostrophe initiale. Il était en veine de confidences; et son discours prit des voies encore plus inattendues lorsqu'il se mit à parler de sa copine.
Oui, avant même que la souris ait eu le temps de dégainer la parade "j'ai déjà un copain", laquelle, comme on sait, est complètement inefficace contre les dragueurs à la noix, puisqu'ils fonctionnent selon l'éprouvé principe du "quand y'en a pour un, y'en a pour deux."
Et ça donnait à peu près ceci:
"Ouais, tu vois, je vais rejoindre ma copine, là."
(Tentative de prouver qu'il n'est pas needy, qu'au contraire, il n'en a rien à faire, de la souris, puisqu'il a déjà une copine. Le propos se veut paradoxalement sécurisant: petite souris, en sortant avec ce dragueur-là, tu sors avec un mec testé et approuvé, mais en plus, tu n'auras même pas à assumer une vraie relation, puisqu'une autre s'en charge déjà.)
"T'as vu, elle m'attend, elle est jolie et tout, elle m'aime, et moi, qu'est-ce que je fais, je veux la tromper."
(Alors que la première phrase énonçait "j'ai pas besoin de toi, mais je veux bien te faire une faveur", la stratégie opère ici un subtil revirement, sous-entendant que le pouvoir d'attraction de la souris est tel qu'aucun homme, même heureux en couple, n'y résiste. La souris est ici clairement mise dans le rôle sulfureux de la dark lady, mystérieuse et attirante, briseuse d'amours légitimes. Et là, que voulez-vous répondre d'autre que Wouahou, comme c'est romanesque?
"Rah j'suis vraiment un vaurien, ouais."
(Après avoir titillé la Rebecca qui sommeille en chacune, nouveau revirement: parler à l'infirmière qui sommeille pas loin (oui, il y a beaucoup de choses qui sommeillent ensemble à l'intérieur d'une souris, tout cela n'est pas bien moral, mais nous nous éloignons du sujet). En se présentant comme un mauvais garçon, le jeune homme cherche à éveiller un intérêt pour sa rédemption : peut-être, qui sait, la souris est-elle seule capable de le remettre dans le droit chemin? L'annonce sonne un peu comme un défi: toi avec qui je ferais volontiers des infidélités à ma légitime, seras-tu capable de me rendre fidèle? Tentée? Non?)
Au fait, non. Avec ses poses de bad boy, il était par trop amer, l'ami du petit déjeuner.